Vous avez pu lire dans l'article précédent que la nappe du Rhône, au niveau de la plaine de Péage-de-Roussillon, était contaminée par un herbicide, l'oxadiazon(1). Cette contamination est aussi mise en évidence dans la nappe du Drac, en rive droite et en aval de la confluence avec la Romanche.
Le rapport 2010 de l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée et Corse indique en page 9 : " l'oxadiazon est uniquement retrouvé à des niveaux quantifiables sur les stations situées sur ou en aval de zones industrielles où il est synthétisé (nappe du Drac en rive droite et en aval de la confluence avec la Romanche et nappe du Rhône au niveau de la plaine de Péage-de-Roussillon). Les concentrations rencontrées en 2010 sur ces stations sont toutes nettement supérieures aux normes de qualité (0,29 µg/l sur la nappe du Drac et 0,43 µg/l sur la nappe du Rhône)".
L'origine industrielle de cette contamination est donc évidente.
Bien entendu, nous veillerons à ce que cette pollution à l'oxadiazon de la nappe du Rhône soit prise en compte dans le cadre du suivi environnemental global (SEG) du pays roussillonnais.
Pour mémoire, il n'est pas inutile de rappeler l'incendie sur la plate-forme chimique de Roussillon (Isère) du 15 juin 1985 dont les eaux d'extinction ont entraîné, entre autres, une quantité non estimée d'oxadiazon dans le Rhône (il y avait, sur le site, 88 tonnes d'oxadiazon en stock au moment de l'incendie). Conséquences de cet incendie :
- Le bâtiment de stockage de 1600 m² et la totalité des produits qu'il abritait sont détruits.
- Le Rhône est pollué sur près de 70 km et environ 70 tonnes de poissons morts sont récupérés et incinérés.
- L'approvisionnement en eau potable de nombreuses agglomérations est perturbé durant 2 jours sur 200 km le long de la vallée rhodanienne. Plus de 130 000 habitants sont concernés.
- Les dommages dans l'entreprise sont évalués à 36 MF (5.48 M€) et les pertes d'exploitation à 3 MF (0.45 M€). Les pécheurs recevront 2.6 MF d'indemnités (0.39 M€).
Pour lire le rapport du Ministère chargé de l'Environnement relatant cet incendie (mise à jour d'octobre 2006)
(1) Oxadiazon : c'est un herbicide de la famille des oxadiazolones. Il appartient aux herbicides inhibiteurs de l'enzyme PPO (protoporphyrogène oxydase) conduisant à la synthèse des chlorophylles. Il existe de nombreuses préparations utilisées en France autorisées sur différentes cultures. L'oxadiazon est classé parmi les substances très toxiques pour les organismes aquatiques au titre de la directive 96/82/CE dite Seveso 2.